Né à Budapest, à Buda même, en 1976 dans un contexte historique déjà riche en événements - pour voir ce que veut dire cette année lire le ticket précédent sur ce même blog ici. Pour le répéter rapidement : L'année où les Sex Pistols au Royaume-Uni ont fait exploser la planète avec leur punk rock, "God Save the Queen". En Espagne, le roi Juan Carlos I accédait au trône, marquant le début de la transition démocratique après la mort du dictateur Francisco Franco. En Suisse, 1976 a été l'année du premier vol commercial du Concorde, symbole d'innovation technologique et de coopération internationale. En Hongrie, le régime communiste était toujours en place, mais des signes d'ouverture culturelle commençaient à se manifester. C'était l'aube d'une nouvelle ère, même si le chemin vers la liberté et la démocratie était encore long. Sur la scène internationale, les États-Unis commémoraient leur bicentenaire, tandis que l'Afrique du Sud était secouée par les émeutes de Soweto, un tournant crucial dans la lutte contre l'apartheid. En Chine, la mort de Mao Zedong a ouvert la voie à des réformes économiques et sociales qui allaient transformer le pays de manière profonde.

Mais c'est aussi l'année ou de facto Iron Maiden s'était formé, et oui. Ou encore Queen qui sort des chefs-d'œuvre, le titre "Tie your Mother down", pour n'en citer qu'un, bref, Aerosmith sort l'album "Rocks", classique et influence musicale irrattrapable depuis lors. La liste est encore longue avec KISS qui sort Destroyer, Black Sabbath avec "Technical Ecstasy" sans oublier AC / DC avec son plus grand classique "High Voltage".
Déjà en 1978 - à mes deux ans -, ma vie a pris un tournant majeur. Mon père, diplomate hongrois du commerce extérieur, a reçu une affectation qui nous a conduits à Genève, en Suisse ! C'est la fameuse Genève internationale avec ces Missions permanentes auprès des Organisations Internationales, cet élément historique et géopolitique qui a fait que nous avons atterri à Genève, et à Champel en plus, où je débarque à la crèche, etc. Je n'avais que deux ans, et j'atterris dans un autre monde, littéralement.
Je garde de ces premières années en Suisse une vision pleine de contraste. En 1983, retour en Hongrie, et cette fois, c'était différent. Le pays était en pleine mutation sous le régime communiste, bien que les signes avant-coureurs de la fin du bloc de l'Est étaient déjà visibles. Nous avons vécu ces dernières années du régime de manière paradoxale, avec une sensation de renouveau dans l'air, mais aussi une mélancolie des liens qui se tissaient au fur et à mesure.
Les gens pouvaient voyager plus ou moins même vers l'Ouest, beaucoup allaient déjà faire leurs courses à Vienne, en Autriche. Notons les formalités importantes du bloc de l'Est pour les enfants de mon âge entre 1983 et 1988 Dès l'école primaire, on devenait "kisdobos" ("Petit Tambour"), une sorte d'introduction au mouvement pionnier. Ce titre s'accompagnait de cérémonies officielles où l'on recevait un foulard bleu et un petit carnet de règles morales à suivre, inspirées des principes socialistes. Ensuite, à partir de 10 ans, nous passions au stade de "Úttörő" ( les "pionniers" plus connus peut-être que les "kisdobos"), avec un foulard rouge. Même si formellement nous devions prêter serment à la patrie, participions aux défilés, aux chants et aux camps d'été organisés par l'État, mon souvenir est que tout le monde, tous les jeunes regardaient déjà vers l'Ouest, très clairement. Musique, habits, style de vie, tout le monde voulait ressembler à l'Ouest, le système "socialiste" était déjà en décadence dans la culture et les sous-cultures de la jeunesse - mais ailleurs aussi- nous le sentions déjà.
Retour en Suisse
Le retour en Suisse s'est fait en 1988, lorsque mon père a pris un poste important au GATT Accord sur les tarifs douaniers et le commerce, devenu la fameuse Organisation mondiale du commerce (OMC) quelques années plus tard. Nous quittions la Hongrie en toute indépendance, mon père est le premier fonctionnaire international hongrois au GATT, c'est historique. Établi à Meyrin/GE, un changement dans l'air engendre ma conversion musicale, de la pop au hard rock et surtout au heavy metal (voir blog musical ici ). Là, les années du Cycle d'Orientation et du Collège se sont enchaînées, et l'adolescence a pris une forme particulière. C'était un monde où les frontières étaient déjà moins visibles, mais qui se préparait à connaître une révolution géopolitique.
Depuis 1988, je suis resté en Suisse. Le pays qui m’a vu grandir en grande partie. Mon expérience, entre l'Est et l'Ouest, a façonné une vision du monde unique, où la liberté, le respect des différences et la conscience de l'histoire sont au cœur de tout. J'ai eu la chance de vivre à un moment où les murs, littéralement et symboliquement, se sont effondrés. Un privilège, mais aussi une responsabilité. L’histoire nous appelle à être conscients de ce que nous avons vécu, mais aussi à construire un avenir où les libertés ne sont jamais tenues pour acquises : car j'ai vu la liberté, la pseudo-liberté, le collectivisme, les réformes intérieures relativement libérales et subtiles de l'économie planifiée en Hongrie. Mais j'ai aussi vu et vécu l'ignorance ici à l'Ouest et la stigmatisation de ceux venus "de l'autre côté du rideau de fer" encore en 1988, à la veille de la chute du bloc Est et de la recomposition du monde. Mais ça, c'est pour une prochaine fois !
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